LE
LE MANOIR MAUDITMETEMPSYCO
Dans les années 60 en Angleterre, une jeune femme ressent à distance les crimes commis dans un château. Avec l'aide de son père, elle se rend dans ce manoir maudit pour confondre l'assassin.
Comme
pour beaucoup de films de cette époque, l’affiche est bien meilleure que le
long métrage lui-même. Toutefois, l’œuvre d’Antonio Boccaci – seul film dudit
bonhomme – est à mon goût un peu trop décriée. Certes, le scénario ne fait pas
dans l’originalité et donne dans le bricolage fourre-tout de l’épouvante. A
l’instar des trains fantômes de fêtes foraines, les scénaristes (le réalisateur
et Giorgio Simonelli) ont voulu en donner pour leur argent aux spectateurs et
ont choisi la surenchère en se contrefichant de la logique, de la progression
ou pire, du liant entre tous les éléments : nous retrouvons ainsi un monstre
hideux au rire sardonique, un château-personnage créant l’ambiance par sa seule
architecture, un hindou enturbanné, deux jeunes filles intrépides qui paieront
amèrement leur curiosité, le beau portrait, le double rôle (Anna / la Comtesse
Irène), un chevalier en armure, une salle des tortures etc. Du coup, on ne
s’ennuie guère, même si l’on bougonne tout de même un peu devant tant
d’incohérences dans cette machination alambiquée. Après un superbe générique
dans un noir et blanc des plus classieux et le meurtre des deux jeunes femmes, l’action
retombe très vite et le film s’embarque dans des chemins tortueux pleins de
raccourcis scénaristiques faciles. Aujourd’hui, l’on sourit de bonne grâce, car
le fantasticophile averti pousse les portes de ce château en connaissance de
cause : ce que l’on recherche avant tout, comme Proust avec sa fameuse
madeleine, c’est retrouver le cinéma du vieux monde, du bis d’avant, sans CGI,
sans montage cut, sans humour à deux balles ; c’est retrouver le bon gout
d’une vieille soupe, qui n’est certes pas le meilleur plat du monde, mais qui
nous réchauffe à coup sûr le cœur et l’âme. Les interprètes féminines sont au
diapason de l’atmosphère générale : Annie Alberti et Flora Carosello (= Elizabeth
Queen : quel pseudo !) ne sont certes pas Sophia Loren et Ava Gardner, mais
elles possèdent un charme indéniable, délicieusement kitsch, donnant plus de
cachet encore à l’entreprise, surtout quand elles sont attachées et en proie à un
monstre hideux.
Le meilleur atout du film, outre ses décors et sa photographie noir et blanc, s’avère d’ailleurs être ce monstre défiguré, au maquillage saisissant pour l’époque, qui fait monter à chacune de ses apparitions l’intérêt et l’attention. De surcroît, le bougre vit dans les catacombes et pratique avec une joie non dissimulée la torture… Que du bonheur !
Le meilleur atout du film, outre ses décors et sa photographie noir et blanc, s’avère d’ailleurs être ce monstre défiguré, au maquillage saisissant pour l’époque, qui fait monter à chacune de ses apparitions l’intérêt et l’attention. De surcroît, le bougre vit dans les catacombes et pratique avec une joie non dissimulée la torture… Que du bonheur !
Jetez
un œil à l’occasion sur ce (petit) film d’épouvante gothique qui réactualisera
les simples émotions que procuraient nos premiers élans cinématographiques,
contemporains de l’enfance… Ça fait du bien parfois.
Didier LEFEVRE
METEMPSYCO, Italie 1963. Un
film produit par Virginia Films. Prod. : Francesco
Campitelli ; réal. :
Antonio Boccaci [William Grace] ; scén. :
Antonio Boccaci [Anthony Kristye] et Giorgio Simonelli [Johnny Seemonel] ; phot. : Francesco Campitelli et Antonio
Boccaci [William Grace] ; mont. :
Jean-Pierre Grasset et Gaby Vital ; mus.
: Armando Sciascia.
Avec : Annie Alberti
[Annie Albert] (Anna et la Comtesse Irène), Adriano Micantoni [Thony Maky]
(Docteur Darnell), Marco Mariani [Mark Marian] (George Dickson) et Flora
Carosello [Elizabeth Queen] (la Comtesse Elizabeth).
Noir et Blanc, 88
mn.
Chronique initialement publiée dans le Vidéotopsie n°12
Pour commander le film, rendez-vous ici
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