jeudi 1 février 2018

FRIGHTMARE chez Uncut Movies

Pete Walker a actuellement le vent en poupe dans l'Hexagone et c'est tant mieux ! Uncut Movies vient d'éditer l'un de ses meilleurs films, Frightmare dans un magnifique médiabook limité à 1000 exemplaires. Outre le film, vous retrouverez un documentaire intitulé "Pete Walker : de la grivoiserie au cannibalisme" signé David Didelot, un livret de 28 pages et un poster collector. Pour le commander, c'est ici !
Pour vous donner encore plus l'eau à la bouche, je reproduis ici la chronique que j'avais réservé au film dans le Médusa 27.



Certains ont parfois comparé hâtivement ce film avec le contemporain Massacre à la tronçonneuse de Tobe HOOPER. Il est vrai que, dans les deux longs métrages,  il est question de familles dégénérées aux appétits cannibales mais comme le dit l’adage, comparaison n’est pas raison et Frightmare développe une toute autre thématique. D’abord, dans Frightmare, les dames mènent le bal alors que les protagonistes masculins se contentent de subir, de regarder ou d’être à côté de la plaque. Ensuite, le film met en exergue un criminel d’un autre type, un peu comme si la mère de Norman Bates avait été bel et bien réelle et non le fruit de son imagination. Dorothy Yates (excellentissime Sheila KEITH) est une rabid grannie avant l’heure ! Une mémé friande de cerveaux en sauce qui continue ses forfaits bien après sa sortie de l’hôpital psychiatrique devant le regard soumis de son crétin de mari (le génial Rupert DAVIES : Dracula et les femmes, etc.). Le film s’ouvre sur une séquence en noir et blanc, nous sommes en 1956 sur une fête foraine vidée de ses amateurs.  Là, un homme (Andrew SACHS) est sauvagement assassiné. S’en suit le procès des coupables, Dorothy et Edmund Yates, condamnés à l’isolement en psychiatrie. Avec la couleur, vient notre époque (enfin le début des seventies). Les deux filles du couple Jackie (Deborah FAIRFAX) et Debbie (Kim BUTCHER) tentent de trouver un équilibre. Pas facile car Debbie sombre dans la délinquance et Jackie s’inquiète beaucoup pour elle. Elle en cause d’ailleurs à Graham (Paul GREENWOOD), un psy con comme un balai. Là, McGILLIVRAY et WALKER donnent un coup de griffe à cette profession qui, selon le réalisateur, est surévaluée. Il n’a pas tort le bougre ! Mais généralement, au cinéma, les psys et autres experts sont vendus comme des sortes de héros à l’aura mystique. Ici, c’est un brave couillon qui ne verra pas venir son funeste sort. Evidemment, les quinze années passées à l’asile, n’ont pas guéri les vieux anthropophages et pire, leur perversité semble héréditaire !
 A mes yeux, il s’agit du chef d’œuvre de son réalisateur, celui où il bouscule toutes les conventions, où il déplace le curseur vers plus de trash et de subversion. Il cède aux sirènes du gore mais parcimonieusement. Ces séquences « obligatoires » dans l’horreur contemporaine sont accessoires tant la force et l’esprit du film résident ailleurs. Il est salvateur de voir  des méchants aussi charismatiques, aussi ordinaires. Oublié le poncif de la grand-mère apeurée qui s’évanouit en hurlant, place à la vieille garce cruelle et sadique ! Découvrir aujourd’hui Frightmare nous venge de deux décennies de « slashers » donnant la vedette à des jeunes adultes écervelés. Le film doit beaucoup au talent incroyable de Sheila KEITH, elle domine le casting et écrase de sa prestance les pourtant mignonnes Deborah FAIRFAX et Kim BUTCHER. WALKER déclare que s’il ne devait garder qu’un film dans sa filmographie, cela serait celui-là, je ne peux qu’opiner du chef tant Frightmare m’a poursuivi longtemps après sa vision. Une horreur moderne était donc possible en Angleterre, contrée de l’épouvante gothique. La famille n’est pas forcément ce modèle de stabilité, cet havre de paix et de sérénité, ce précieux réconfort vanté pour toutes les occasions. Non, la famille peut être aussi un nid de vipères malsaines, le lieu secret de toutes les perversités, de tous les tabous : inceste, cannibalisme, homicide. L’humanité est une salope et rarement on nous l’aura montré aussi explicitement que dans Frightmare ! A ce propos, le titre italien tombe à pic car, effectivement, les bêtes sont parmi nous


FRIGHTMARE
Un film produit et réalisé par Pete WALKER (1974)
Titre espagnol : Terror sin habla
Titre italien: Nero criminale – le belve sono tra noi
Scenario: David McGILLIVRAY
Photo: Peter JESSOP
Montage: Robert DEARBERG
Musique: Stanley MEYERS
Avec Rupert DAVIES, Sheila KEITH, Deborah FAIRFAX, Paul GREENWOOD, Kim BUTCHER,  Fiona CURZON, Jon YULE, Nicholas JOHN, Andrew SACHS, Leo GENN…
 


D.L


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire