mercredi 14 mars 2012

Beyond the sea, la chronique

BEYOND THE SEA (2004) de Kevin Spacey avec Kevin Spacey, John Goodman, Kate Bosworth et Bob Hoskins.
« Beyond the sea », sorti en DVD en 2012 est un film de 2004 joué, produit et réalisé par Kevin Spacey. Il s’agit d’une évocation de la vie du crooner et musicien américain Bobby Darin dont la carrière météore, au début des années 60, s’acheva prématurément en 1973 par son décès à l’âge de 37 ans.
Si dans la vraie vie Bobby se fit voler par la mort l’occasion d’un comeback, il faillit en être de même au cinéma, tant le projet d’un biopic sur le chanteur fut maintes fois reporté depuis… 1986. Barry Levinson, (Rain man) fut le premier réalisateur pressenti par les studios pour mettre en scène ce film. Avec Tom Cruise pour interpréter le rôle de Darin, puis Johnny Depp, envisagé en 1996 et enfin Leonardo di Capprio en 1999. Mais depuis 1994 un outsider, l’acteur Kevin Spacey (Usual suspects, American beauty), souhaitait interpréter le rôle. Les studios hollywoodiens ne cessant pourtant de le trouver trop âgé. C’est pourtant finalement Spacey qui se vit confier le projet après bien des péripéties scénaristiques et avec l’assentiment du fils de Bobby Darin, Todd Darin.
Le film est enfin réalisé en 2004 par Kevin Spacey qui interprète le rôle de Bobby, mais aussi chante et danse à la place du chanteur. Le biopic joue sur l’originalité du scénario et la passion sincère de Spacey pour le personnage qu’il incarne à l’écran. En effet, le film est composé de multiples flash-backs, allers -retours entre le présent et le passé, où le chanteur dialogue avec son double, enfant, et danse ou chante avec lui. Ainsi présenté, même si l’on n’est pas un spécialiste des chanteurs sixties américains, on ne tarde pas à être séduit par la personnalité bondissante et débonnaire du chanteur et à fondre à l’écoute de ses précieuses ritournelles pop sucrée et brillante comme une pomme d’amour un jour de fête foraine. Mais à trop célébrer sa légende (celle de Bobby ou la sienne ?), Spacey cabotine et en vient à gommer certaines aspérités de Darin.
Adoubé par le fils du chanteur, Beyond the sea, est une célébration de l’amour filial, de l’amour maternel et des comédies musicales américaines dont Bobby fut un temps la vedette. Son enfance difficile est évoquée, mais sans pathos excessif, et surtout, l’ambiguïté de son arrivisme, sa détermination quasi maladive à devenir la plus grande star américaine, se fixant pour objectifs de détrôner à la fois, excusez du peu, Frank Sinatra, Dean Martin et Elvis Presley, et enfin la rapide déchéance qui fut la sienne, durant les années de prise de pouvoir des hippies, tout ceci est évoqué ( trop) rapidement, entrecoupé de chorégraphies de danse, qui enlève à la fois le poids du sujet mais évite aussi de pointer du doigt la machine hollywoodienne trop souvent broyeuse de talent et cracheuse de dollars.
Bref, durant le dernier quart du film, l’esprit bon enfant qui anime acteurs, réalisateur et scénaristes se grippe tout comme la carrière du chanteur, lui-même, s’achève sur un sentiment mitigé, une fin en queue de poisson. On a aimé le spectacle, découvert un jeune homme talentueux et quelque peu méconnu du public européen, mais il manque à l’interprétation de Bobby Darin une densité, un supplément d’âme qu’aurait pu apporter un Johnny Depp dirigé par un autre réalisateur et surtout un scénario moins monolithique, laissant place aux failles de l’artiste, failles universelles qui, souvent font la grandeur et la déchéance des mythes. (Laurence Fontaine)

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