De George Roy Hill, j’apprécie
tout particulièrement Abattoir 5,
chef d’œuvre encore méconnu aujourd’hui, mais qui demeure un des meilleurs films des
années 70. Réalisateur solide (Butch
Cassidy et le Kid, L’Arnaque),
il offre dans La Kermesse des aigles
un rôle taillé sur mesure à l’un de ses acteurs fétiches, Robert Redford, tout
en décontraction, au sourire ravageur, alors à l’apex de sa carrière. Scénarisé par
William Goldman (Magic, Marathon Man, Les hommes du président, excusez du peu), The Great Waldo Pepper (son titre original) s’intéresse à la
destinée des pilotes de l’armée de l’air dans les années 20, contraints pour
subsister de participer à des spectacles
aériens, d’organiser des baptêmes de l’air et de risquer leur peau de plus en
plus fréquemment dans des acrobaties.
Waldo Pepper (Robert Redford) est l’un d’eux, il a fondé sa propre mythologie
sur son combat avec le baron allemand Ernst Kessler (inspiré de l’as de l’aviation
germanique, Ernst Udet) dont il serait sorti victorieux. Lorsqu’après quelques
aventures, il se retrouve cascadeur pour le cinéma, il retrouve son Némésis
pour un dernier combat.
Si la reconstitution des
années 20 est réussie, l’histoire épique manque un peu de souffle pour que le
film décolle complètement. Certes, les cascades aériennes sont nombreuses mais,
justement, le réalisateur en abuse un peu trop et dilue l’efficacité du récit
qui aurait gagné à être plus condensé. Le dernier combat apparait, en outre, un peu
dérisoire alors que le grand moment du film arrive avec la disparition tragique
du personnage incarné par Susan Sarandon. Un accident qui, au lieu de déprimer
le producteur des spectacles, le comble de joie puisque le sang attire le
public. Pendant la scène, nous restons persuadés que le héros (Redford)
parviendra à sauver la demoiselle, coincée sur l’aile d’un biplan en plein vol,
tétanisée par le vertige.
Le casting est de tout
premier ordre, outre Redford et Sarandon, nous retrouvons une jeune Margot
Kidder, pas encore pensionnaire de la maison du diable, Bo Svenson qui
deviendra une gueule du Bis cantonnée aux rôles de militaire, Bo Brundin ou
encore Geoffrey Lewis.
Sans être leur meilleur
film (à la fois de Roy Hill et de Redford), La kermesse des aigles demeure un film d’aventures spectaculaires
comme Hollywood en produisait savamment dans les années 70. La déshérence de
ses anciens héros renvoie déjà l’Amérique à une certaine forme de syndrome
post-traumatique alors qu’à l’époque du tournage, les USA en terminaient avec
le Vietnam. Je ne sais pas si William Goldman y a pensé en écrivant son
scénario mais les thèmes sont proches : que faire des héros de guerre une
fois rentrés au pays ? Des monstres de foire, des résidents de cirque, des
cascadeurs au cinéma ? Quelle que soit la guerre, les conséquences se
ressemblent invariablement. Naturellement, La
kermesse des aigles n’emprunte pas cette voie là mais nous ne pouvons pas
nous empêcher d’y songer.
La copie d’Elephant Films (sortie le 5 septembre)
est fort belle et s’accompagne comme à chaque fois de la bande annonce et des
versions française et originale. Avec son savoir-faire habituel, Julien Comelli,
dans un bonus, contextualise le film et nous
livre quelques infos essentielles sur la distribution et l’équipe technique.
D.L
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