dimanche 10 septembre 2017

LA KERMESSE DES AIGLES chez Elephant Films





De George Roy Hill, j’apprécie tout particulièrement Abattoir 5, chef d’œuvre encore méconnu aujourd’hui,  mais qui demeure un des meilleurs films des années 70. Réalisateur solide (Butch Cassidy et le Kid, L’Arnaque), il offre dans La Kermesse des aigles un rôle taillé sur mesure à l’un de ses acteurs fétiches, Robert Redford, tout en décontraction, au sourire ravageur,  alors à l’apex de sa carrière. Scénarisé par William Goldman (Magic, Marathon Man, Les hommes du président, excusez du peu), The Great Waldo Pepper (son titre original) s’intéresse à la destinée des pilotes de l’armée de l’air dans les années 20, contraints pour subsister de participer  à des spectacles aériens, d’organiser des baptêmes de l’air et de risquer leur peau de plus en plus fréquemment  dans des acrobaties. Waldo Pepper (Robert Redford) est l’un d’eux, il a fondé sa propre mythologie sur son combat avec le baron allemand Ernst Kessler (inspiré de l’as de l’aviation germanique, Ernst Udet) dont il serait sorti victorieux. Lorsqu’après quelques aventures, il se retrouve cascadeur pour le cinéma, il retrouve son Némésis pour un dernier combat.
Si la reconstitution des années 20 est réussie, l’histoire épique manque un peu de souffle pour que le film décolle complètement. Certes, les cascades aériennes sont nombreuses mais, justement, le réalisateur en abuse un peu trop et dilue l’efficacité du récit qui aurait gagné à être plus condensé.  Le dernier combat apparait, en outre, un peu dérisoire alors que le grand moment du film arrive avec la disparition tragique du personnage incarné par Susan Sarandon. Un accident qui, au lieu de déprimer le producteur des spectacles, le comble de joie puisque le sang attire le public. Pendant la scène, nous restons persuadés que le héros (Redford) parviendra à sauver la demoiselle, coincée sur l’aile d’un biplan en plein vol, tétanisée par le vertige.
Le casting est de tout premier ordre, outre Redford et Sarandon, nous retrouvons une jeune Margot Kidder, pas encore pensionnaire de la maison du diable, Bo Svenson qui deviendra une gueule du Bis cantonnée aux rôles de militaire, Bo Brundin ou encore Geoffrey Lewis.
Sans être leur meilleur film (à la fois de Roy Hill et de Redford), La kermesse des aigles demeure un film d’aventures spectaculaires comme Hollywood en produisait savamment dans les années 70. La déshérence de ses anciens héros renvoie déjà l’Amérique à une certaine forme de syndrome post-traumatique alors qu’à l’époque du tournage, les USA en terminaient avec le Vietnam. Je ne sais pas si William Goldman y a pensé en écrivant son scénario mais les thèmes sont proches : que faire des héros de guerre une fois rentrés au pays ? Des monstres de foire, des résidents de cirque, des cascadeurs au cinéma ? Quelle que soit la guerre, les conséquences se ressemblent invariablement. Naturellement, La kermesse des aigles n’emprunte pas cette voie là mais nous ne pouvons pas nous empêcher d’y songer.
La copie d’Elephant Films (sortie le 5 septembre) est fort belle et s’accompagne comme à chaque fois de la bande annonce et des versions française et originale. Avec son savoir-faire habituel, Julien Comelli, dans un bonus,  contextualise le film et nous livre quelques infos essentielles sur la distribution et l’équipe technique.
D.L






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