mercredi 27 décembre 2017

Paranoïaque de Freddie Francis en Bluray chez Elephant Films



Paranoïaque (Paranoiac, 1963)
Un film de Freddie Francis



  Premier film de Freddie Francis pour le studio Hammer en tant que réalisateur, Paranoïaque se révèle être un mini-Hitchcock, veine creusée par la compagnie dans le sillage du succès de Psychose. Le scénario est signé du spécialiste maison à savoir Jimmy Sangster, aussi habile pour dérider les vieux mythes de l’Epouvante que pour s’inspirer des thrillers triomphants au box-office. Il adapte ici un roman de Josephine Tey, paru en 1949, « Brat Farrar » dont la Hammer acquit les droits en 1954. Jimmy Sangster fut lui-même un romancier créant le personnage de Snowball dans une série de polars. Son script recèle tous les ingrédients du mini-Hitchcock : une histoire familiale trouble lestée de secrets terrifiants, une frangine qui perd la raison (Janette Scott) et qui ne désire qu’une chose rejoindre son frère dans l’au-delà, un autre frangin alcoolique, colérique et dépensier (formidable Oliver Reed aussi à l’aise dans la défroque de Simon qu’un saumon dans les eaux pures d’un torrent de montagne), une vieille tante bigote et renfrognée. Un jour, Tony, que l’on croyait mort,  réapparait dans cet univers. Est-ce vraiment ce frère suicidé ou un imposteur envieux de la fortune familiale ? Toujours est-il qu’il tombe amoureux de sa sœur embaumant le film de Francis des effluves sulfureux de l’inceste… L’intrigue, alambiquée et ténébreuse, nous amène aux confins de la folie puisque Simon (Oliver Reed) et la tante (Shiela Burrel) pratiquent d’étranges rites dans la chapelle abandonnée de la vaste demeure. Et si c’était en ce lieu que se cachait le « cœur-révélateur » (clin d’œil à Poe) de cette machination ? Je n’en dirai pas plus pour ne pas éventer un dénouement aux multiples twists.


 La photographie en noir et blanc d’Arthur Grant et la mise en scène de Francis collent parfaitement à cette ambiance gothique où le réel bascule inexorablement dans l’irréel. Une séquence magnifique en témoigne, celle où Oliver Reed se débarrasse de Françoise l’infirmière (Liliane Brousse). Il la noie dans une mare du domaine, un assassinat complètement suggestif puisque seule une envolée de canards nous indique son terrible forfait. Pourtant, le dernier plan, sous la surface de l’eau,  nous montre Reed fasciner par cette disparition, cette enfouissement sous une surface, cette plongée dans un autre univers. Un plan magnifique qui, à lui seul, mérite que vous découvriez ce film. D’autres saynètes marquent également notre imaginaire comme lorsque la tante se muche derrière un masque grossier et brandit un crochet ou un couteau : une imagerie qui n’aurait pas juré dans un giallo transalpin où la figure du masque, du grimage est particulièrement répandue. 


 Paranoïaque fait partie des Hammer coproduits par l’Universal et donc distribués dans un superbe coffret d’Eléphant Films. Le Blu-Ray rend grâce au fantastique noir et blanc de la photographie. Dans les suppléments, Nicolas Stanzick revient sur le phénomène des thrillers made in Hammer. 




Didier LEFEVRE

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