Je l'avais annoncé, je ne serai pas en mesure de livrer un Médusa Fanzine en 2018, trop occupé, par ailleurs, à me farcir des livres de sociologie des organisations et autres schémas heuristiques. A un moment, j'ai pensé vous délivrer tout de même un fast-zine compilant quelques chroniques de pellicules dévorées cet été, j'avais même rencardé mon maquettiste favori sur le coup, puis l'envie est passée comme une colique engendrée par l’absorption d'un kebab faisandé. Faut dire que cet été, j'ai pris un putain de direct dans le pif avec la sortie du dernier Vidéotospie, quintessence de l'esprit séminal du fanzinat, un zine qui m'a réconcilié avec le fandom et a remis l'église au centre du petit village des zineux. Non, désolé, sorry, le faux do-it-yourself ne passera pas par moi, plus maintenant, pas après presque trente ans de loyaux services dans le bazar. J'ai passé l'âge de suivre les modes, le Médusa Fanzine n°29 sera tel que je le veux, point barre, ultime soubresaut d'une passion dévorante qui m'a rongé l'âme toute ma vie. Cette fois, la date est posée : printemps-été 2019, un peu après la chute de New York, histoire de souffler quelques bougies avec les copains et surtout d'offrir une part du gâteau aux lecteurs pour se régaler encore.
Le sommaire de ce prochain opus est déjà bien avancé et nous comptons notamment nous pencher sur le cas de Jason BLUM, producteur (au bon sens du terme) et instigateur d'un souffle nouveau dans la production horrifique américaine. Pour se faire, nous avons notamment causé avec Lucas HESLING, auteur de BlumHouse, De Paranomal Activity à Get Out, L'histoire de la maison de production et de son créateur, Jason Blum à l'origine du renouveau du cinéma d'Horreur.
Voici pour patienter, en avant-première, deux questions de l'entretien qui paraitra dans le prochain Médusa !
Médusa
Fanzine : Jason BLUM, opportuniste ou stratège ?
Lucas
HESLING : Je dirais les deux ! Mais en aucun cas dans le mauvais sens
du terme. Opportuniste, il l’est dans sa façon de miser sur des concepts, des
idées originales et des auteurs de talents. S’il voit passer un excellent
scénario ou un auteur prometteur, il met le grappin dessus. Et il n’y a aucun
mal à cela, c’est même
tout le travail d’un bon producteur. Et cette forme
d’« opportunisme » n’est pas sans risque puisqu’on ne peut être
convaincu qu’une idée est bonne que lorsque le film est soumis au public. C’est
ainsi que Jason BLUM a essuyé plusieurs échecs.
Stratège,
Jason BLUM l’est dans sa façon de prendre des risques tout en en minimisant
leurs conséquences. Il est conscient que ce n’est pas le budget qui fait la
réussite d’un film mais bien son auteur. On voit bien ce que ça a donné avec
les derniers films de M. Night SHYAMALAN. Alors que ses films précédents à gros
budget (150 M$ pour Le Dernier Maître de
l’air et 130 M$ pour After Earth)
avaient connu un échec au box-office, ses deux dernières œuvres, beaucoup plus
modestes financièrement (5 M$ pour The Visit
et 9 M$ pour Split), ont quant à elles
connu un véritable succès tant auprès du public que de la critique. Lorsque
Jason BLUM a choisi de collaborer avec SHYAMALAN après ces deux échecs, il n’y
avait évidemment aucun opportunisme de sa part, mais bien l’ambition de
travailler avec un auteur talentueux sur des projets prometteurs.
Ce
savoir-faire ne serait rien sans la passion de BLUM pour le cinéma d’horreur.
Si tout bon producteur doit être un bon stratège, il doit aussi être passionné
par son travail. C’est comme ça que Jason BLUM est parvenu à réconcilier film
indépendant et rentabilité, et à ne pas tomber dans la facilité de faire un
cinéma sans prise de risques.
Médusa
Fanzine : Certaines franchises « historiques » (Halloween) atterrissent dans leur
giron, est-ce pour acquérir une crédibilité auprès des fans ou par esprit
mercantile ?
Lucas
HESLING ; Bien sûr, c’est difficile de faire la part des choses entre
l’intention profonde du producteur et ce qu’il dit vouloir faire à travers les
médias. Mais dans le cas de Jason BLUM, on constate une véritable ambition de
faire du bon cinéma et de respecter les fans. Jason BLUM avoue d’ailleurs
lui-même être quelque peu réfractaire à l’idée de produire des remakes et que
s’il a produit Halloween, c’est
seulement parce qu’il lui semblait pouvoir réunir tous les ingrédients d’une
bonne recette. De plus, il n’aurait sans doute pas fait le film si Jamie Lee CURTIS
ou John CARPENTER n’avaient pas répondu présents. Quoiqu’il en soit, ce nouveau
Halloween est bien plus respectable que d’autres tentatives de reboot telles que Texas Chainsaw 3D (produit par Lionsgate), qui avait coûté 20 M$ là
où le nouveau Halloween a coûté la moitié, soit 10 M$. Je
trouve ce nouveau Halloween plutôt réussi même s’il manque quelque
peu de nouveauté. On dirait qu’il est difficile de renouveler la saga.
Quoiqu’il en soit, le film reste d’une très bonne facture et offre aux fans de
la franchise des scènes mémorables.
La suite et bien plus encore dans le prochain Médusa ! (D.L)
Je vous conseille également de lire la chronique de David Didelot consacrée au livre dans la crypte toxique.
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Photo de la promo d'Halloween à Time Square par Christophe Fournier.
marci
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